Une longue histoire

Les Mayas

La civilisation Maya s’est établie, du sud du Mexique au Guatemala et au Honduras, vers 2600 av. J.C. et a elle a perduré jusqu’au 9e siècle de notre ère. Elle était formée d’une constellation de cités-états groupées autour d’un centre religieux dirigé par un roi et des prêtres. Les paysans Mayas cultivaient principalement le maïs, le coton et le cacao, lequel servait aussi de monnaie d’échange. Les lettrés s’occupaient principalement du calcul du temps à partir de l’observation des astres. Les nombreux temples qu’ils ont bâtis, et dont beaucoup ont étés retrouvés, étaient orientés selon leurs observations astronomiques. Ils ont développé des connaissances mathématiques extrêmement poussées (ils ont notamment inventé le zéro bien avant les Européens). Les monuments et les stèles qui les entourent étaient couverts de sculptures et de glyphes qu’on arrive maintenant à déchiffrer et qui dévoilent progressivement leur histoire, leur religion et leur vision du monde.

Les guerres fratricides entre cités et peut-être une épidémie ou une sécheresse prolongée amenèrent le déclin de cette civilisation au 9e siècle. Les Mayas se dispersèrent selon leurs ethnies, s’organisant en petits royaumes. Leurs temples disparurent dans la jungle, mais ils  gardèrent par tradition orale et parfois écrite, leurs croyances religieuses et leur cosmovision.

La Conquista

Les conquistadors espagnols du 16e siècle, à la suite de Cortés, élargirent progressivement leur domination. C’est un lieutenant de Cortès, Pedro de Alvarado, qui, en 1523, se lança dans la conquête du Guatemala et du Salvador. Au bout d’une lutte féroce, il parvint à assujettir l’ensemble du territoire, malgré une vigoureuse résistance où s’illustra le chef Quiché, Tecun Uman, dont la statue se rencontre jusque dans les plus petits pueblos guatémaltèques.

Dans l’empire espagnol

Une fois maîtres du pays, les Espagnols réduisirent en esclavage toute la population Maya, les marquant au fer rouge et les forçant à se convertir au christianisme. Ils se répartissent les bonnes terres et les font cultiver par leurs esclaves : la canne à sucre, le coton, le cacao, l’indigo (colorant bleu très prisé). Suite aux protestations de l’évêque dominicain Bartolomé de las Casas, l’esclavage fut officiellement aboli par Charles-Quint, mais revint sous une autre forme : les Mayas, chassés dans les montagnes, étaient régulièrement réquisitionnés dans les grandes plantations de la côte suivant les besoins des propriétaires. Les missionnaires s’acharnèrent à détruire toutes les formes de la culture et de la religion mayas, brûlèrent les manuscrits, pourchassèrent les porteurs de la tradition. Paradoxalement, c’est Diego de Landa, évêque et inquisiteur franciscain, fanatique brûleur de documents mayas, qui est devenu la meilleure source de connaissance des Mayas, par son ouvrage « Relacion de las cosas de Yucatan » où il décrit précisément la langue, la religion, la culture et l’écriture maya.

L’indépendance du Guatemala

L’indépendance, en 1821 ne changea rien au statut des Mayas. Les créoles restèrent les grands propriétaires terriens, les Mayas relégués dans leurs montagnes arides, méprisés dans leur culture et exclus de toute participation au pouvoir démocratique. La république devint l’enjeu des luttes entre libéraux et conservateurs. En 1871, l’arrivée au pouvoir du Général Justo Rufino Barrios, libéral, ouvre le pays au commerce extérieur. La culture du café s’installe sur les pentes de l’Altiplano. Barrios confisque les terres des Mayas propres à la culture du café pour les vendre, par centaines d’hectares, à des capitalistes créoles ou étrangers, notamment allemands. Il réinstaure le travail forcé des Mayas dans ces plantations, à des salaires de misère. Les Mayas redeviennent des quasi-esclaves.

Parenthèse démocratique

En octobre 1944, une insurrection populaire chasse le dictateur Ubico. Le président élu, Juan José Arevalo, puis son successeur, Jacobo Arbenz entament un série de réformes visant à donner à tous les citoyens accès au processus démocratique, ainsi que la création de syndicats et un début de sécurité sociale. En 1952, Arbenz décrète une réforme agraire permettant au gouvernement d’exproprier les terres en friche des grandes plantations et de les répartir entre des familles pauvres (75 % terres étaient accaparées par 2 % de la population). Les riches propriétaires, et notamment la puissante United Fruit Company (américaine, qui possédait 150.000 ha en friche), obtiennent l’aide des USA en criant au communisme et, en 1954, le colonel Castillo Armas envahit le pays à la tête de troupes armées et entraînées au Honduras et au Nicaragua par la CIA, annulant ainsi le processus de réformes.

Pouvoirs aux militaires

Durant les décennies suivantes, le processus démocratique enclenché en 1954 fut récupéré par le CACIF (Coordination  des Associations  Agricoles, Commerciales, Industrielles et Financières) qui firent régulièrement élire, dans des élections manipulées, des généraux à la présidence du pays. Les paysans mayas, toujours confinés dans leurs montagnes arides, doivent, pour survivre, descendre dans les vallées pour les récoltes du coton, de la canne à sucre et du café, pour des salaires de misère et dans des conditions effroyables. Une guérilla endémique mit aux prises l’armée (composée majoritairement de Mayas enrôlés de force, endoctrinés et fanatisés) et des rebelles réclamant liberté et justice sociale. Ces revendications furent aussi le fait des associations créées pacifiquement dans le grand souffle libérateur des années 1944-1954 : syndicats, coopératives, mouvements paysans… Les Mayas, (majorité marginalisée, qui forment 60 % de la population) toujours méprisés et discriminés, réclamèrent de plus en plus leurs droits à vivre ouvertement selon leurs coutumes et leur religion, et à obtenir leurs droits politiques. Tout cela au péril de la vie des activistes. La répression policière et celle des escadrons de la mort créés par le CACIF s’accentua au fil des années 60-70.

Guerre civile 1980-1995

Le triomphe de la révolution sandiniste au Nicaragua provoqua au Guatemala une recrudescence des revendications sociales et des actions des guérillas, désormais unifiées sous le sigle URNG (Union Révolutionnaire Nationale Guatémaltèque). A cela répondit une répression de plus en plus féroce dont les Mayas furent les principales victimes : un véritable génocide  fut perpétré par les généraux-présidents, dont les pires sont Rios Montt (récemment condamné à 80 ans de prison pour génocide) et le président actuel du Guatemala, Pérez Molina. Pour échapper aux massacres, les Mayas s’enfuirent soit au Mexique, soit dans les forêts, soit absorbés dans l’incognito des grandes villes. Certains aussi rejoignirent les organisations de résistance. Parmi ces Mayas exilés, il faut mentionner Rigoberta Menchù, qui reçut le Prix Nobel de la Paix 1992 « en reconnaissance de son travail pour la justice sociale et la réconciliations ethno-culturelle  basée sur le respect pour le droit des peuples autochtones ».

Armistice, retour à la paix ?

En 1986, le président civil démocratiquement élu Vinicio Cerezo annonça que ses priorités seraient de mettre fin à la violence politique et de rétablir l’état de droit. Mais ce n’est qu’en 1995 qu’un véritable traité de paix fut signé par le gouvernement guatémaltèque et l’URNG. Les négociations portaient sur les droits humains, la réhabilitation des personnes déplacées, la clarification historique sur les causes de la guerre, les droits des autochtones.

Malheureusement, la fin des combats ne signifie pas la fin de la violence. La démobilisation de soldats et de guerilleros sans travail, la misère engendrée par la guerre ont provoqué dans le pays une délinquance généralisée qui continue à s’amplifier.

Le Guatemala

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SIG (Solidarité avec les Indiens du Guatemala) SOLIDARITE INDIENS GUATEMALA
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